8 Cartes du Monde Historiques
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1. Carte babylonienne du Monde, Babylone, environ 600 avant J.-C
Cette Carte datant du 6ème siècle avant J.-C. découverte au XIX ème siècle sur les rives de L’Euphrate en Irak est la première Carte du Monde connue à ce jour. Comment décrypter ces gravures ? Que signifient-elles ?
Le disque plat représentant la terre est entouré de l’océan « mer salée » ou « eau amer » orné d’une collection de triangles représentant des « iles » ou « régions » lointaines. Le bloc rectangulaire horizontal un peu en dessus du centre du disque représente Babylone. Elle est traversée par l’Euphrate qui s’écoule des montagnes du Nord au marais du sud. Le reste du disque est composé des régions voisines de l’Assyrie et d’Elam ainsi que de leurs villes marquées par de petits blocs circulaires.
Au-delà de l’océan, les textes cunéiformes de la tablette décrivent des « iles » ou « régions » mystérieuses. « Le soleil est caché et rien ne peut être vu », « Au-delà du vol des oiseaux », sont les descriptions qui accompagnent certains de ces lieux. Selon les textes, ces endroits sont peuplés de héros et créatures mythologiques. Cette Carte nous suggère qu'elle servait autant a la description géographique réelle que cosmologique babylonienne.
Cette petite Carte d'environ 12 sur 8 cm réside actuellement au British Museum de Londres. Elle ne se rapproche pas exactement de la carte du globe que nous connaissons actuellement. Elle représente tout de même une des premières vision géographique que nous connaissons à ce jour.
2. Carte de « Geographia », Ptolémée, vers 150 après J.-C. (redessinée au XVème siècle)
Cette Carte créée à partir des descriptions de « Géographie » (Geographike hyphygesis) de Claude Ptolémée, montre une représentation qui nous permet de distinguer l’Europe, l’Afrique du nord et une partie du Moyen orient tel que nous les connaissons. Comment est-il arrivé à un tel résultat sans satellite ?
Vers 350 avant J.-C., le concept de forme sphérique de la terre est découvert par les philosophes grecs et a été accepté par tous les géographes depuis. Dans son ouvrage Geographia , Ptolémée décrit un système étrange utilisant ce qu’il nomme la latitude et la longitude. Son travail se base aussi sur l’observation astronomique des régions afin de décrire les lieux sur terre. La Carte est une représentation de l’Ancien Monde d’environ 60°N à 30°S. Cette carte est révolutionnaire et a probablement joué un rôle clé dans l’expansion de l’empire Romain.
Malheureusement les cartes originales de Ptolémée n’ont jamais été retrouvées, cependant son travail bien décrit a permis aux cartographes de les recréer autour du XVème siècle.
3. Carte Beatine, Beatus de Liébana, vers 780 après J.-C.
« Le monde est dit « rond » d'après la rondeur d'un cercle, parce que le monde est tel une roue […] En effet, l'Océan qui l'entoure de toutes parts le délimite par un cercle. Il est divisé en trois parties, d'une part l'Asie, en second l'Europe et en troisième l'Afrique. »
Voici comment est décrit le Monde par Isidore de Séville, un savant du VII ème siècle. Beatus de Liébana un moine espagnol, s’en est inspiré pour élaborer cette Carte. Il a également pris en compte des textes de Ptolémée et la Bible.
C’est une représentation typique du Monde en « T-O ». La forme du « T », est constituée par des mers intérieures ou cours d’eau tel que la Méditerranée, le Nil et le Bosphore. Au-delà de la barre horizontale du « T » l’Asie, tandis que l’Europe et l’Afrique de part et d’autre de la barre verticale de ce dernier.
Au centre du Monde au croisement des deux branches du « T » se situe Jérusalem. La ville sacrée du judaïsme et christianisme. La carte pointe en direction de l’Est et non du Nord. A l’extrême Est on peut observer Le paradis symbolisé par la Jardin d’Eden car c’est là où le soleil se lève. Cette carte est truffée de références à la religion. C’est typique dans la cartographie médiévale européenne.
4. Tabula Rogeriana, Al Idrisi, vers 1154 après J.-C.
« Le livre des voyages agréables dans les pays lointains » connu sous la dénomination de Tabula Rogeriana.
En suivant les méthodes de Ptolémée, les érudits musulmans ont perfectionné la cartographie. En définissant des unités de mesure plus précises et en incorporant les écrits des explorateurs et marchands de leurs voyages à travers le monde musulman. Le géographe arabe Muhammad Al-Idrisi a trouvé la recette pour réaliser une Carte en avance sur son temps.
Cette carte est accompagnée d’un texte géographique très documenté. Il décrit diverses facettes de chaque endroit, le climat, la politique et la culture par exemple. A noter que la Carte a été dessinée avec le sud orienté vers le haut. Elle est donc mise à l'envers ci-dessus.
6. Carte du Monde, Henricus Martellus Germanus, vers 1489
Au XI ème siècle, les précieuses cartes de Ptolémée sont retrouvées. Henricus Martellus se base également sur des récits de voyages de marchands et aventurier tel que Marco Polo.
"Bien que Strabon et Ptolémée et la majorité des anciens aient été les plus assidus à décrire le monde, nous rassemblons néanmoins dans ce tableau et montrons soigneusement à leur place réelle les nouvelles connaissances qui ont échappé à leur diligence et leur sont restées inconnues"
Est le texte d’une inscription en bas à gauche de la Carte. Parmi ces « nouvelles connaissances », on peut citer la découverte d’un passage au sud de l’Afrique qui n’est autre que le cap de Bonne-Espérance. Cette carte de 201 sur 122 cm se trouve à l’université de Yale aux Etats-Unis.
7. "Universalis Cosmographia", Waldseemüller, 1507
Waldseemüller est le premier à représenter le Nouveau Monde comme continent avec l’océan Pacifique sur son côté ouest. Il a nommé cette masse de terre de l’hémisphère ouest « Amérique », en l’honneur de Amerigo Vespucci. Ce navigateur italien est le pionnier dans la théorie des continents séparés et le potentiel découvreur de ce contient. Les descriptions de ses explorations du Nouveau Monde ont aidé Waldseemüller dans le traçage des contours de ce dernier.
La carte qui est la première Carte du Monde réalisé par technique d’imprimerie a une forme de cœur. On y retrouve des les méridiens qui nous montre encore la contribution du travail de Ptolémée dans la réalisation de cette Carte.
8. Projection de Mercator, Gerardus Mercator, 1569
Le cartographe Geradus Mercator propose en 1569, une projection de la terre sphérique sur une surface plane rectangulaire. Elle permet de conserver les angles (latitudes et longitudes droites) mais déforme les distances et surfaces. Qu’est ce que cela veut dire ?
C’est assez simple, si l'on prend deux points A et B sur la Carte et qu’on les relie par un segment. Les angles formés par l’intersection de ce segment avec tous les méridiens qu’il traverse sont les mêmes. Ce n’est pas un hasard si Mercatus à choisi cette propriété. En effet si un marin veut relier une destination, il n’a qu’a tracer une ligne reliant sont point de départ à la destination et mesurer l’angle par rapport à un méridien ou une latitude. Ensuite il utilise son compas (boussole) et choisi l’angle qu’il a obtenu comme cap.
Cette projection est révolutionnaire et a enlevé une bonne ancre du pied des navigateurs. Le seul problème est que cette carte déforme les distances et les surfaces. On sait quelle direction choisir, mais on a de la peine à estimer quel temps ça va nous prendre. Plus on s’éloigne de l’équateur, plus les surfaces ont une taille exagérée par rapport à la réalité. Par exemple sur cette carte, le Groenland et l’Afrique semble faire la même taille, cette dernière est pourtant 14 fois plus grande.
Bonus : Theatrum Orbis Terrarum, Abraham Ortelius, 1570
"Theatrum Orbis Terrarum" : Théâtre du Globe Terrestre écrit par Abraham Ortelius est considéré comme étant le premier atlas moderne. Il est souvent utilisé comme référence pour résumer la cartographie du XVI ème siècle.